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Dans l'univers du vin, la qualité d'un cru ne repose pas uniquement sur le raisin. Un élément souvent négligé joue un rôle primordial dans la maturation de cette boisson : le bois des barriques. Pour certains vignerons chanceux, possédant à la fois des vignobles et des forêts, le choix du bois destiné à leurs fûts est une affaire des plus sérieuses et méticuleuses.

La sélection des arbres 

Ces vignerons envoient leur tonnelier sur le terrain pour sélectionner les arbres qui seront transformés en tonneaux. Les critères de sélection sont draconiens : les arbres doivent présenter une rectitude irréprochable, un diamètre de tronc compris entre 60 et 70 cm, et être dépourvus de nœuds et de gélivures, ces fissures causées par le gel. Le tonnelier recherche spécifiquement des arbres francs de pied et de plein bois, évitant les arbres des lisières de forêt qui, poussant trop rapidement, sont moins adaptés à la tonnellerie.

La lune d’août 

La période d'abattage est également cruciale. Idéalement, les arbres sont coupés en lune descendante, la lune d’août étant considérée comme le moment idéal. Les troncs sont ensuite débités en billons d’1,10 mètre, puis fendus successivement jusqu'à obtenir des quartiers. Ces derniers sont travaillés de manière artisanale dans l'atelier du tonnelier, privilégiant la fente à la scie pour garantir l'étanchéité du bois. De cinq mètres cubes de bois brut, on obtient finalement un mètre cube de bois fini, suffisant pour fabriquer sept fûts de quatre cents litres.

Le séchage 

Après la découpe, les merrains (planches de bois destinées à la tonnellerie) sont empilés à l'air libre, en lits croisés, pour être exposés aux intempéries. Cette étape de séchage naturel est essentielle : elle permet de réduire le taux d'humidité de l'arbre de 80 % à 20 %. Plus qu'un simple séchage, cette période permet au bois de développer son potentiel aromatique. Les variations climatiques resserrent les fibres du bois, emprisonnant des saveurs subtiles, véritables souvenirs des bois.

Ce processus naturel favorise également le développement d'un mycélium de champignons, qui libère des enzymes dégradant les composés astringents du bois. En Armagnac, où le climat est particulièrement propice, le séchage naturel des merrains est une pratique courante. De nombreux facteurs, tels que le lieu de croissance, la proximité des rivières, la nature du sol, l'âge de l'arbre et, bien sûr, le séchage à l'air, influent sur la qualité et la nature des substances aromatiques que le bois transmettra plus tard à l'eau-de-vie. C'est ce que l'on appelle le "cru" du bois. 

Ainsi, la tonnellerie est un art complexe, où la nature et le savoir-faire humain se rencontrent pour sublimer le vin. Chaque étape, de la sélection de l'arbre à son séchage à l'air libre, contribue à la création de fûts uniques qui enrichiront l'eau-de-vie de saveurs inimitables.

 

Dessin de 4 barriques


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